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Palmarium

Palmarium
Le texte à pirater.
Le zine à brûler.

DÉLIRE TROUBLE, qui va lire-lire ? On s’en tamponne, bouclier, boulier, on s’éclate le front, le cône dans la jungle à coups de sarbacane… Coupe-coupe, rendons grâce aux bêtes, quadrupédies suspendues aux crochets du camion frigorifique, le roulis, la danse du cobra drogué au kamagra, les chauves-souris papillons, épinglées, roulées dans la farine animale saupoudrée dans les mangeoires des génisses génitrices, les carcasses brûlées une fois la peau tannée.

Cuisinez, mijotez les animaux, les métamorphoses ovidiennes en soupière pied-de-poule, le confit de canard en sauce turquoise. Vole qui pourra… l’agriculture raisonnée des bétails… la chasse à l’ourse dans les Pyrénées… Bétail endolori, les mauvais réveils à l’aube, de carotide en carotide, saignées, la précision de l’incision hémorragique, le lyrisme instantané après mort rituelle. Cuisinons les animaux servis sauce silicone dans des plateaux à cornes, des soupes d’oiseau spatule, le bec taillé en cuillère, les couverts d’ivoire, la dent de narval en guise de cure-dent. Les amoureux se zieutent, mastiquant la viande nappée-grillée avec un sourire de sang. L’amant fébrile pense : ce soir, je te fais la même, je te cuis le vagin, je te le truffe de truffes, de clous de girofle, ma giroflée, ma femme girafe. Pendant ce temps, les renards, eux, défèquent dans les pièges, la braconnière, elle, est une conne. Le braconnier minutieux prépare la glu, avant de l’enfiler-dilater… ce lyrisme ! Coquins-pinsons à l’agonie sur la branche avant de rentrer au nid. Le chien jindo attaché à la niche, un mètre de corde, lyrisme ! Pendant que l’on dorlote les caniches, lyrisme ! Mords-les Spitz, pas de quartier aux races domestiquées, fais-leur ravaler leur carnation… Le Nureongi derrière les barreaux, chair affable aux yeux cerclés de noir, un air de caramel jaune…

Les hommes, les femmes lugubres, ces poisons du climat cuisinent à tour de bras une jument aux anchois, portent des chaussures en cuir de crabe ou des colliers en dents de loutre. Pendant ce temps, l’angor glougloute, c’est l’euphorie, l’acide lactique à pleins gaz, leur langue-viande liée au cervelet. Ils sont gavés aux hormones malignes, aux champignons gris. Ils sirotent l’ayahuasca à la paille en faisant des bulles dans le liquide, se prennent pour des gorilles. Ils pleurent sous les effets des hallucinations colorées, s’aiment comme des insectes, copulent comme des coccinelles. Le chaman se lève, il a la gerbe, il a bu trop de café la veille. Il vomit sur les adeptes, sur les vacanciers du séminaire… Bile polychrome du grand loup-gourou sur vos blancs habits, mes bons amis, ceci est pour vous, alors priez pour nous…

Alors quoi ? La drogue ? Démultiplication du moi-moi-moi, on a remué la matière du rêve, un tourbillon, nous disions… une farce plutôt… Et si nous donnons une réponse, et si nous parlons… nous brisons le silence, nous amplifions alors le mal de l’époque. Alors ?… Rien… Et vous, que mettez-vous dans votre cervelle ? Du poème ? de la littérature ? ou plutôt de la vidéo ? du piano ? du dodécaphonisme ? de la postmodernité, des plateformes ? des contes ? peut-être, ou de la politique rance, du débat glacial, faisandé… Du complotisme composite, ou des grimaces, des rougeurs cutanées ? Qu’y mettez-vous alors ? De la lumière ? du silence ? des muqueuses ? Nous devrions aimer la poésie des mangeurs de vertèbres, des penseurs de glaires ? Voici l’intellectuel nourri à la viande d’ourse… Ils, elles glaviotent. L’actualité est sans cesse réactualisée, le vacarme suit sa ligne. Dodo mon gros, et flatule dans ton lit. On voudrait les assommer ces faces de vieux lubriques, leurs rides qui débordent de squames. Il ne veut donc pas la boucler, ce vieux, avec sa face de gargouille rose ? La lame découpe des morceaux de chair, élève des monceaux de chair animale pour les griller en comité d’abrutis malades. La fumée diaprée des festins, la fureur de la déglutition, des glandes salivaires. Les cerfs métamorphosés en décorations murales, en porte-manteaux. La taxidermie cocotte, voici des flûtes en os de tortue, en ivoire, des rostres, les cordes en boyaux félins pour l’orchestre de la mort, les vertèbres marimba, le synthétiseur de l’anesthésie. Ils cherchent le Salut, mais qui voudrait sauver ce qui pue ? Les ténèbres, c’est l’humain dans ses mauvais jours, la tête dans le trou anal. Comme c’est banal. Faisons du poème, de la rime bâtarde à genoux pour le coït, la nouvelle femme, les nouveaux porcs, des colliers de perles de nacre à s’étrangler. On suce des huîtres, on pratique le cunni à l’envers à la mer. Maudite ostréiculture, culte papaïen, la messe est dite, orgue de barbarie, le pasteur dominical prêche aux platines, sonnez les matines, le pécheur pêche aux plates-bandes, puisqu’il bande.

La baise est courte, la ficelle est un peu grosse, elle fait ficelle. C’est tordu comme plan, plan à trois, à quatre, pour les valeurs du partage, les plans cul matchent. Face de violette, n’oublie pas de mettre ta voilette. Coup tordu, une louche de gamma-hydroxybutyrate. Aiguisez la lame comme un coupe-queue, on en coupe une, sept repoussent, comme le renard à sept queues, ils bandent sur les brancards, à tour de bras. Les ministres-porcs chassent la croupe, l’escorte morte sur les quais de Montevideo, pendant que les mouettes dans le ciel chient sur leur costume. Évidemment, les oiseaux marins n’en ont rien à foutre de leurs caprices de riches, des rires obèses, des parties carrées, du Marché du Périnée. Le devoir d’écrire n’existe que dans un cône tordu. C’est un bordel qui sent la fesse, la ration cocktailisée. La poisse bulle, bulle, bulle… pendant ce temps… l’orang-outan, le paisible orang-outan est en danger-critique-d’extinction, non pas à cause d’une maladie quelconque, nerveuse, mais à cause de la déforestation, de l’exploitation minière. Oui, tes grimaces on s’en cogne. N’en parlons plus de toi, de tes grimaces fongiques, de tes yeux lugubres comme deux fosses septiques. La forêt est coupée pour les palmes. On ne va pas jouer aux apprentis chamans, aux exilés de la carte. Qui va lire-lire jusqu’ici ? Le spectacle est vivant ! La culture de l’huile palmiste, les orangs-outans qui dansent, décrochés de force des branches. Homme de la forêt, l’homme te le rend bien. La honte est unanimement humaine. C’est nous qui descendons du singe, pas l’inverse. Nous, ils, elles, ielles, sommes sans ciels et nous sommes les singes de la ville qui crache son cancer sur la forêt.

On te met la conque, la viande crue dans la bouche, les gâteaux gélatineux décorés aux poils de mustélidé, l’hermine des neiges dans l’assiette, alors plutôt mourir que de se souiller. Anne de Bretagne saute dans la mare. Le black serval cat broie du noir. Les toxicos de la tourbe s’enfoncent des aiguilles dans les paupières. C’est un jeu d’enfant de s’y casser les dents, sur des os de chameau, sur des os de chamois. Leurs dents font de la mousse, du coton vahiné. Tout est transparent, débilitant, la technologie enfume les tempes. Plus de secret, de buisson ardent, d’animaux sauvages. On vénère la langue du boucher, le Marché de la mort, et les objets du kyste. Il sort de leurs yeux débiles une soudaine hystérie, comme une rage de dents. Les poètes mâles déballent leur sensiblerie, agitent leurs bras fragiles, cotonneux, font feu de tout bois, de leurs râteaux sentimentaux, d’une voix prépubère passée la quarantaine… foutus poètes aux jambes arquées, un chapeau de croque-mitaine et la cabale de leur sexe mou… Le kaléidoscope est un mensonge des nerfs.

Allons au Palmarium, dans une serre Walipini, une serre pour avoir la paix, pour que l’on nous laisse en paix… au milieu des parfums, des plantes muettes, de leur vibration haute, contenue dans la structure. Triple chaleur dans le cœur. Plantes fugueuses, les variations des feuilles, le contrepoint chlorophyllien. Un doux refuge pour le non-producteur, le grand buveur d’infusions d’agave sirotant ses décoctions de cactus. Parmi les piliers d’écorces filamenteuses se dresse très haut la colonne osseuse des rêves. Ses vertèbres comme une autre plante de la serre Walipini. C’est la colonne spirituelle… Les deux serpents Kundalini en forment la colonne autour des vertèbres.

la métaphysique n’est qu’un moyen
la métaphysique n’est qu’une lame
LE SERPENT N’A PAS DE PAUPIÈRE
la langue ne dit rien
sinon l’énergie de la langue