Un masque pour qui marche
Tout à l’heure, si l’on m’avait interrogé à ce sujet, j’eusse juré que c’était vrai, mais à présent, je ne sais plus très bien : ai-je inventé cette espèce d’apparition ? ai-je voulu voir seulement ce que je voulais voir ? ou bien la réalité offre-t-elle, à qui daigne encore s’y montrer quelque peu attentif, au lieu de passer son temps plongé dans l’obsession de soi-même, des confirmations inespérées, lesquelles nous disent : « Non, tu ne te trompes pas » ? Non vraiment, je ne sais pas, mais tout à l’heure, si l’on m’avait interrogé à ce sujet, j’eusse répondu sans hésiter que là, à la fossette où naît le cou, en capitales d’imprimerie, la jeune femme que je venais de croiser à l’instant même avait ces trois lettres tatouées : A R T. […]